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Manuel Bompard répond au refus d’Emmanuel Macron de nommer Jean-Luc Mélenchon Premier ministre : “Si bonhomme, tu vas le nommer”

Création : 7 juin 2022
Dernière modification : 1 juillet 2022

Auteur : Guillaume Baticle, master de droit public, Université de Picardie Jules Verne 

Relecteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public, Université Paris-Saclay

Secrétariat de rédaction : Yeni Daimallah et Emma Cacciamani

Source : Sud Radio, 6 juin 2022, 10'20"

Emmanuel Macron n’a aucune obligation constitutionnelle de nommer Jean-Luc Mélenchon Premier ministre si la NUPES devient majoritaire à l’Assemblée. Nous ne sommes pas au Royaume-Uni, où la Reine n’a d’autre choix que de nommer le chef de la majorité élue.

En réponse au refus d’Emmanuel Macron de nommer Jean-Luc Mélenchon Premier ministre en cas de victoire de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) aux élections législatives, Manuel Bompard, député européen de La France Insoumise, ne lui laisse pas le choix. Ses propos ont d’ailleurs été relayés et partagés sur un nombre important de plateformes telles que Facebook, Instagram, TikTok, Twitter ou encore Google news. Mais au risque de nous répéter, il n’existe aucune obligation pour le Président de nommer Jean-Luc Mélenchon à ce poste.

Comme nous avons pu le préciser, le Président de la République peut nommer qui il veut au poste de Premier ministre. Aucune contrainte constitutionnelle ne pèse sur lui. 

Même si une majorité NUPES devait siéger à l’Assemblée, le Premier ministre peut ne pas en être issu. Il n’en reste pas moins, comme nous l’avons écrit, que le gouvernement a besoin de l’Assemblée pour gouverner. Pour éviter tout blocage, il est donc préférable que les deux institutions soient compatibles politiquement. Le Président peut également accepter de nommer un Premier ministre issu de la NUPES, mais qui ne soit pas Jean-Luc Mélenchon. Là aussi, il n’y a aucune obligation, ni pour le Président, ni pour la NUPES, même si Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le chef de cette coalition. 

Il n’y a aucune tradition française en la matière, contrairement au Royaume-Uni

Manuel Bompard appuie son propos en rappelant que lors des cohabitations sous les Présidents François Mitterrand et Jacques Chirac, les premiers ministres Jacques Chirac et Lionel Jospin étaient les chefs des partis majoritaires (RPR et PS). Mais d’abord, ce ne fut pas le cas lors de la cohabitation de 1993-1995, sous François Mitterrand, durant laquelle Jacques Chirac, chef de la majorité élue alors, avait préféré laisser le poste de premier ministre à Edouard Balladur pour mieux préparer l’élection présidentielle de 1995. 

En effet, le modèle français est différent du modèle britannique, le système de Westminster, qui veut que le Premier ministre soit traditionnellement le chef du parti majoritaire qui siège dans la Chambre des Communes. Ce qui est logique, puisqu’il est nommé par la Reine, qui n’a pas la faculté de choisir. 

En somme, la qualité de chef de la NUPES de Jean-Luc Mélenchon ne lui garantit pas le poste de Premier ministre. Ensuite, libre à lui de bloquer le Président en faisant en sorte que la NUPES rejette tous les projets de loi…

Contacté, Manuel Bompard n’a pas répondu à nos sollicitations. 

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