“Les SDF devront rentrer chez eux pour les jeux olympiques”, Amélie Oudéa-Castéra a-t-elle réellement tenu ces propos ?
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relecteur : Jean-paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Guillaume Baticle
Source : Compte Facebook, 2 avril 2024
Voilà une phrase et un contre-sens qui pourraient prêter à sourire si la publication les relayant n’avait pas été partagée plus de 300 fois et nourri plus de 100 commentaires sur Facebook. Amélie Oudéa-Castéra a-t-elle vraiment exigé que les personnes sans-abris rentrent chez elles pour la tenue des Jeux Olympiques cet été à Paris ? La réponse est évidemment non. L’actuelle ministre des Sports, n’a jamais exprimé une telle idée saugrenue. Mais alors ces faux propos rapportés sortent-ils de nulle part ?
Une actualité en chassant une autre, l’auteur du poste semble s’être basé sur la polémique médiatique survenue le 25 mars dernier à la suite des déclarations faites par Serge Grouard, le maire d’Orléans, ex-LR, quant à une supposée opération “place nette” organisée à Paris dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ce dernier, qui a multiplié depuis les interventions dans les médias, accusait notamment l’Etat d’envoyer, sans concertation avec les élus locaux, des personnes sans domicile fixe dans sa ville. Des allégations relayées notamment sur sa page personnelle Facebook. L’édile estime ainsi “qu’environ 500 personnes sans domicile fixe seraient arrivées à Orléans” depuis le mois de mai 2023, et de préciser que Orléans “n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris”.
Dès lors, ces transferts en région de personnes en situation d’urgence sont-elles orchestrées dans le cadre des JO ? Interrogée sur ce sujet, jeudi 28 mars par l’émission Complément d’enquête, Amélie Oudéa-Castéra rejetait en bloc ces accusations. “Des opérations de ce type-là sont menées régulièrement, et je le redis, ça n’est pas dicté par l’agenda olympique et paralympique”, affirmait-elle notamment sur le plateau de l’émission de France 2. Des propos appuyés quelques jours plus tard lors de l’interview politique de Télématin, les 4 vérités : “Cette politique existe avant les Jeux Olympiques, elle existera après les Jeux paralympiques”. Dans le même sens, un communiqué de presse de la préfecture du Loiret indiquait le 26 mars, soit un jour après le début de la polémique, que “En vue de répondre à l’ampleur des besoins d’hébergement d’urgence en Île-de-France, dix sas d’accueil temporaire régionaux ont été mis en place par l’État à l’échelle nationale […] Ce dispositif est co-piloté par le ministère de l’intérieur et des outre-mer et par le ministère chargé du logement. Il est sans lien avec l’organisation des Jeux Olympiques comme cela a été déjà expliqué en mai 2023.” Même le maire d’Orléans ne pouvait confirmer le lien avec l’événement sportif. “Je n’en ai aucune certitude mais évidemment la coïncidence est quand même quelque peu troublante”, déclarait-il ainsi le 26 mars à des journalistes du journal de France 2.
Des doutes qui ne gagnent pas que l’élue du Loiret puisque le Défenseur des droits, une autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect des libertés et des droits des citoyens, a décidé d’ouvrir sa propre enquête sur le sujet le 29 janvier dernier. L’autorité suspecte notamment “l’éviction de l’espace public de personnes jugées « indésirables » en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques” L’instruction du Défenseur du droit est encore en cours selon des informations récoltées par les Surligneurs.
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