Taylor Swift a-t-elle perdu près de 150 millions de dollars après l’annonce de son soutien à Kamala Harris ?
Auteur : Clément François, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Compte Facebook, le 15 septembre 2024
Quelques jours après l’annonce de son soutien à Kamala Harris, des internautes affirment que Taylor Swift ferait l’objet d’un boycott qui lui aurait coûté près de 150 millions de dollars. Ce sont de fausses informations publiées par un site d’information “parodique” et reprises au premier degré par les supporters de Donald Trump.
“JE DÉTESTE TAYLOR SWIFT !”, clame en lettres majuscules l’ancien président Donald Trump ce dimanche sur son réseau social Truth Social. C’est la première fois qu’il réagit au soutien de la chanteuse américaine à Kamala Harris pour l’élection présidentielle de novembre prochain.
Sans surprise, il prend le parti de l’injure, lui qui jusqu’alors n’avait jamais osé s’attaquer à l’icône américaine, dont l’appui est considéré par certains comme décisif dans la course à la Maison-Blanche.
Mais quelques heures après le débat entre Donald Trump et Kamala Harris du 10 septembre dernier, Taylor Swift a annoncé sur Instagram apporter son soutien à la candidate démocrate, qu’elle qualifie de “dirigeante solide et douée” qui “se bat pour les droits et les causes qui, selon [elle], ont besoin d’un guerrier pour les défendre”. 11 millions de likes plus tard, l’annonce est un tournant dans la campagne présidentielle américaine. Le site vote.org, qui permet notamment de s’inscrire sur les listes électorales, a reçu plus de 330 000 visites en moins de 24 heures.
Même s’il s’est fait attendre, ce soutien n’est pas une surprise, puisque la chanteuse avait déjà soutenu Joe Biden en 2020. Elle s’était aussi attaquée à Donald Trump, qu’elle accuse “d’attiser les flammes de la suprématie blanche et du racisme”.
Mais est-ce que cet engagement politique ne pourrait pas lui coûter cher ? C’est en tout cas ce qu’affirment de nombreux internautes. Selon eux, ce soutien aurait déclenché outre-Atlantique un “boycott” visant notamment ses produits dérivés. La chanteuse aurait perdu près de 150 millions de dollars en moins d’une semaine.
Pourtant, aucun concert n’a été annulé, aucun sponsor, promoteur ou annonceur n’a annoncé stopper sa collaboration avec l’artiste, alors d’où vient cette information ?
Quand la satire est trop prise au sérieux…
Si Donald Trump avait annoncé que Taylor Swift “paierait probablement le prix” de ce soutien, cette information est apparue pour la première fois le 12 septembre 2024 sur le site d’information satirique Esspots. En fin d’article, la mention, “c’est de la SATIRE, ce n’est pas réel”, est bien visible. L’intox a ensuite été reprise par d’autres comptes parodiques comme le “SpaceX Fanclub” sur Facebook.
Mais beaucoup d’internautes sont tombés dans le piège. On peut lire sur le post du fan-club d’Elon Musk des commentaires comme “On récolte ce que l’on sème…” ou “Les stars devraient rester à leur place”. Prise au sérieux, l’information se répand alors sur des comptes pro-républicains, où la satire n’est même plus mentionnée.
Swift, cible récurrente des “fake news”
Ce n’est pas la première fois que l’artiste est victime de “fake news” du camp Trump, un épisode qu’elle évoque même dans son message de soutien à Kamala Harris : “Récemment, j’ai appris que des images de moi produites par IA soutenant la candidature de Donald Trump à l’élection présidentielle avaient été publiées. Cela a vraiment réveillé mes craintes concernant l’IA et les dangers de la diffusion d’informations erronées.”
En effet, en août dernier, c’est l’ancien président lui-même qui avait posté sur son compte Truth Social des photos générées par IA de “swifties”, nom que l’on donne aux fans de Taylor Swift, apportant leur soutien à Donald Trump. Aucune de ces photos n’était réelle, pas plus que les soi-disant mouvements de “swifties pro-Trump”.
Interrogé sur ses fausses images quelques jours plus tard par la chaîne d’information Fox Business, l’ancien président joue l’innocent, affirmant que “quelqu’un d’autre avait généré ces images, mais qu’il n’en savait pas grand-chose”. Alors qu’il est lui-même accusé de répandre de fausses informations, il appelle dans la même interview à faire très attention avec l’intelligence artificielle, qui pourrait devenir “dangereuse”. Un message plein de sagesse, que les Surligneurs ne peuvent qu’approuver.
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