Capture d'écran Facebook

Non, ces momies de sirène ne sont pas des vraies

Création : 10 septembre 2024

Autrice : Lili Pillot, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 4 septembre 2024

Plusieurs internautes relaient sur Internet la photo de deux momies, semblant représenter des sirènes, en affirmant qu’elles ont été retrouvées par des archéologues. C’est faux : les deux momies sont fausses, nous confirment deux égyptologues.

L’histoire ferait un bon scénario de film. Deux momies, vieilles de 3 500 ans et ressemblant étrangement à des sirènes, auraient été retrouvées par des archéologues, selon diverses sources. En témoigne une photo de deux corps, placés côte à côte, qui circule sur Internet.

Si de prime abord, on pouvait y croire, un premier indice nous met la puce à l’oreille : les jambes, qui semblent se terminer en queue de poisson.  En creusant, nous nous rendons compte que les informations fournies sur l’exhumation des corps divergent en fonction des articles et des publications.

Ces dites momies, ressemblant à des sirènes, dateraient de 3 500 ans et auraient été exhumées récemment. (Capture d’écran Facebook)

 

Alors aux Surligneurs, nous avons voulu vérifier si cette découverte était réelle, ou plutôt bidon. Et nous avons obtenu la confirmation, auprès de deux égyptologues, qu’il s’agit de fausses momies et qu’une telle découverte n’a jamais eu lieu.

Des informations contradictoires, en veux-tu, en voilà

Selon un premier post Facebook, les deux corps ont été exhumés à Louxor, ville égyptienne située sur la rive droite du Nil. Dans un article sur le site Agora Africaine, qui ne cite pas de sources fiables (de faux liens sont présentés comme des sources), les rédacteurs affirment cette fois que cette découverte a eu lieu dans la nécropole de Saqqarah, un site de fouilles très connu, au sud du Caire. Problème, il est situé à plus de 600 km de Louxor. Qui dit vrai, qui dit faux ? Les deux a priori.

En effectuant une recherche Google images inversées, on tombe sur une troisième version de l’histoire, encore plus loufoque. Selon un article très romancé, publié sur un site douteux, ces deux momies seraient en fait le contenu d’un sarcophage retrouvé sous l’eau, près de l’île de Sable (Canada), dans l’océan Pacifique. Les biologistes qui l’auraient trouvé auraient volontairement choisi de ne pas rendre publique leur découverte de peur que personne ne les croie. On retrouve plusieurs fois cette version, notamment dans cette vidéo YouTube.

Une fausse image illustrant une vraie histoire d’un roi égyptien

Pourquoi tout cela est faux ? D’abord parce que la photo ne représente pas de véritables momies. “Les hanches et la poitrine sont bien trop marquées pour des femmes momifiées”, nous explique Ilinca Bartos, docteure en égyptologie, contactée par message.

Isabelle Régen, également égyptologue, nous le confirme : “la morphologie ne correspond pas à celle des momies”. L’experte ajoute : “l’image d’illustration de l’article est une création virtuelle et plusieurs éléments permettent de le voir : le positionnement des bandelettes, absentes sur les bras à gauche, et l’expression faciale à droite. Dans les deux cas, le contenant de la momie ne correspond à aucune pratique égyptienne documentée.”

Ultime élément qui permet de comprendre que ces momies sont des fausses : la position des bras. “Puisqu’il est question d’une momie datant de 3 500 ans, normalement les bras devraient être croisés sur la poitrine”, conclut la chercheuse.

Les pourvoyeurs de fausses informations sont pourtant capables de faire un savant mélange de vrai et de faux. En effet, l’article d’Agora Africaine semble contenir quelques vraies informations concernant une tout autre momie, cette fois-ci bien réelle, nous confirme Isabelle Régen. “La momie datant de 3 500 ans n’a rien à voir avec l’illustration et correspond sans doute à celle du roi Amenhotep 1er (XVIIIe dynastie) qui a bénéficié d’une séance d’imagerie numérique en 2021”.

Conclusion : méfiez-vous des découvertes trop extraordinaires, dont les détails pourraient nourrir l’imagination de votre réalisateur préféré.

Une erreur dans ce contenu ? Vous souhaitez soumettre une information à vérifier ? Faites-le nous savoir en utilisant notre formulaire en ligne. Retrouvez notre politique de correction et de soumission d'informations sur la page Notre méthode.