Rémi Noyon, CC 2.0

Marine Le Pen résume sa position sur l’euro au fait de savoir si : ” M. Macron va réussir à obtenir que la BCE ne soit plus indépendante, qu’elle réponde aux injonctions des États et que la masse monétaire de la BCE n’aille plus aux banques mais aux États”

Création : 23 octobre 2017
Dernière modification : 17 juin 2022

Auteurs : Frédérique Berrod, Antoine Ullestad et Louis Navé

Source : L’Émission politique, France 2, jeudi 19 octobre 2017

Marine Le Pen n’exprime pas clairement son rejet de l’euro, mais pose des conditions à son acceptabilité dont elle sait qu’elles sont irréalisables d’un point de vue juridique et néfastes d’un point de vue économique.

La position de la présidente du Front national est économiquement irréaliste et juridiquement irréalisable. Elle conditionne l’appartenance de la France à la zone euro à des critères impossibles à atteindre.

Juridiquement irréalisable parce que l’indépendance des banques centrales, et en particulier celle de la Banque centrale européenne (BCE), leur permet de conserver une crédibilité au regard des opérateurs économiques dans la politique monétaire qu’elles conduisent. Elle exige qu’elles ne soient pas soumises à la volonté des gouvernements. Cette indépendance est garantie par l’article 130 TFUE. Il dispose que la BCE ne peut solliciter ni accepter d’instruction de la part d’aucun État membre. L’article 282§3 TFUE le confirme. La modification d’un point aussi fondamental des traités européens paraît hasardeuse et devrait difficilement rallier le suffrage des États membres.

Économiquement irréaliste parce que pour assurer la stabilité des prix et pour soutenir les politiques économiques générales dans l’Union, la BCE et l’ensemble du Système européen des Banques centrales doivent prêter de la monnaie aux banques et aux établissements de crédit. Cette fonction est imposée, notamment par l’article 18 du statut de la BCE. Cette disposition peut, certes, être modifiée par le Parlement européen et le Conseil de l’UE selon une procédure législative ordinaire. Mais cela supposerait de priver les banques du rôle qu’elles jouent dans l’économie, pour les citoyens et les petites entreprises.

 

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