JO : le passage de la flamme olympique coûte-t-il vraiment 180 000 € aux départements et 50 000 € aux villes participantes ?
Dernière modification : 13 mai 2024
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Sasha Morsli Gauthier
Source : Compte Instagram, 28 avril 2024
Les informations relayées sur Instagram concernant le coût, pour les collectivités, du passage de la flamme olympique ne sont que partiellement exactes. Si les départements ont bien dû débourser 180 000 € auprès du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, la somme payée par les communes varie, elle, selon l’engagement de chacune d’entre elles. Paris n’est pas Lisieux.
Avant les Jeux, il y a la flamme. 68 jours de relais exactement, de Marseille à Paris, en passant par les départements d’outre-mer et des relayeurs par milliers pour porter la flamme jusqu’au coup d’envoi des Jeux le 26 juillet prochain.
Un long tour de chauffe en quelque sorte qui n’échappe pas à une certaine logique financière : animations, sécurité, logistique, rien n’est gratuit. Et s’il est devenu habituel, tous les quatre ans, de discuter du coût des Jeux Olympiques et de son organisation, il est moins fréquent d’interroger celui du relais de la flamme pour les collectivités.
Ainsi, selon un photomontage posté sur Instagram par un internaute, “le passage de ce gadget coûte la modique somme de 180 000 € pour chaque département, et 50 000 € par ville.” Des chiffres qu’il qualifie de “honteux.” Les sommes mises en accusation sont-elles néanmoins les bonnes ? Les Surligneurs ont vérifié.
Un coût fixe pour les départements
S’il y a un montant dont nous sommes certains, c’est celui réclamé par le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) aux départements pour accueillir sur leurs territoires la très symbolique flamme olympique. 180 000 € exactement, comme il est possible de le constater, par exemple, dans la délibération du Conseil départemental des Yvelines du 16 décembre 2022, et comme l’a confirmé le département du Calvados aux Surligneurs.
“Cette somme paye une partie de ce que coûte chaque journée du passage de la flamme : c’est de la logistique, de la signalétique, des relayeurs, des animations…“, précisait alors à nos confrères de France Bleu, Michaël Aloïsio, le porte-parole du COJO, il y a deux ans. Contacté par Les Surligneurs, ce dernier n’a pas répondu à nos demandes de précisions.
Un prix à payer pour accéder à l’Olympe sportif loin d’être anecdotique, mais que défendent les collectivités concernées. “La flamme olympique est un symbole et une occasion unique de mettre en valeur la richesse de notre territoire“, estime par exemple le département du Finistère sur son site Internet.
Même son de cloche pour le Calvados : “Son passage en Normandie sera l’occasion d’offrir au Calvados une exposition unique, de mobiliser et d’engager le plus grand nombre – habitants, sportifs, clubs, associations – à vivre, célébrer et partager la ferveur des Jeux.” Rien de “honteux” visiblement pour eux.
Une flamme, des coûts
Qu’en est-il désormais des communes ? Cette fois-ci, rien de fixe n’est établi. En effet, l’internaute ne semble pas faire la différence entre les communes qualifiées de “villes étapes” et celles de “villes parcourues” ou “villes traversées“. Comme l’indique le site Internet des Jeux Olympiques, “plus de 400 villes sont traversées dont 65 villes étapes.”
C’est un peu la même logique que pour le Tour de France. Voir le peloton traverser son bourg n’a pas les mêmes conséquences budgétaires que d’accueillir le départ ou l’arrivée d’une étape.
Ainsi, s’il nous a été impossible de solliciter l’ensemble des communes qui verront la flamme illuminer leurs rues, un rapide coup d’œil au programme des festivités prévu par certaines d’entre elles nous permet de comprendre que l’engagement économique n’est pas égal partout.
D’autant que certains départements demandent aux communes des participations financières pour combler une partie des 180 000 euros dépensés auprès du Comité olympique. Ainsi, les fonds versés par les municipalités et les départements ne s’additionnent pas toujours, comme le suggère le post sur Instagram.
La preuve dans le Calvados, où huit villes au total accueilleront la flamme et participeront à la somme déboursée auprès du COJO par le département. “Pour les villes, les montants vont de 3 300 € à 30 000 € (pour la ville étape de Caen), selon les territoires et les types de convoi, soit 110 000 au total“, précise le département aux Surligneurs.
Ainsi, à Falaise, commune de 8 000 habitants, “la ville a déboursé 5 000 € pour accueillir le passage de la flamme, versé au département du Calvados” indique la mairie aux Surligneurs, et ajoute que “pour l’organisation de la journée (animation, communication, etc.), ce sont 6 000 € à 7 000 € qui sont engagés.” Soit un montant total de 12 000 € maximum. Bien loin des 50 000 € avancés sur Instagram.
L’État prend sa part
Par ailleurs, les collectivités ne sont pas les seules à être embarquées dans l’aventure enflammée de l’olympisme. L’État, évidemment, assumera une partie essentielle du volet sécuritaire du parcours. Ainsi, selon les informations dévoilées en janvier dernier par le ministère de l’Intérieur, ce sont 100 personnels des forces de l’ordre qui suivront constamment la flamme tout le long de son trajet dans l’hexagone. Coût du dispositif : “à peu près 1 million d’euros“, estimait alors Gérald Darmanin dans une déclaration à la presse.
Enfin, n’oublions pas : les coûts appellent les gains. La logique économique est ainsi faite que des retombées économiques sont espérées par l’ensemble des parties prenantes. Sur ce sujet, l’internaute ne dit rien. C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens, paraît-il.
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