François Fillon fait des promesses qui heurtent le droit “100 critiques des programmes”

Création : 21 avril 2017
Dernière modification : 17 juin 2022

Auteur : Vincent Couronne

Source : Programme et propos du candidat

Les thèmes majeurs de la campagne de François Fillon font émerger les propos et les propositions les plus contestables : sa mise en examen, l’insécurité et le mariage.

François Fillon a démarré sa campagne très tôt, ce qui peut expliquer en partie le nombre d’articles que nous lui consacrons. Ses propos les plus contestables concernent tour à tour l’affaire liée à l’emploi de membres de sa famille qui a abouti à sa mise en examen, les questions sur le régime matrimonial et les questions de lutte contre la criminalité et de maîtrise de l’immigration. Quelques erreurs qui dénotent un manque de connaissance de certains éléments sont aussi à relever.

C’est avant-tout l’accusation puis sa mise en examen dans l’affaire de l’emploi de sa femme et de ses enfants qui ont retenu notre attention. Il avait cru bon, lors d’une retentissante conférence de presse, d’accuser l’actuelle majorité d’être derrière l’enquête du parquet national financier en nommant ses procureurs, en oubliant de préciser le rôle de personnalités nommées lorsque lui-même était Premier ministre. Il ne peut pas non plus accuser les journalistes du quotidien Le Monde d’avoir violé le secret professionnel en publiant des éléments du dossier de l’instruction, car les journalistes bénéficient d’un droit d’information protégé par la Cour européenne des droits de l’homme. Il ne peut pas non plus dire que les juges ne peuvent pas apprécier la qualité du travail de son épouse en tant qu’assistante parlementaire.

Les questions sociétales sont un des marqueurs de son programme. Il ne pourra pas cependant revenir sur la loi sur le mariage pour tous, et ses récentes déclarations sur la participation de Sens commun à un gouvernement confirment un peu plus sa volonté. Il faut noter également que l’adoption plénière par les couples de même sexe n’est pas contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, comme il a pu l’affirmer lors de la primaire de la droite et du centre.

En matière d’immigration, il propose de placer en rétention administrative tous les demandeurs d’asile, ce qui serait contraire, au minimum, au droit de l’Union européenne. Assumerait-il une sortie de l’Union pour parvenir à cette fin ? Ses propositions de fixer des quotas d’immigrés et d’inscrire dans la Constitution la limite de la capacité d’accueil de la France seraient dépourvues d’efficacité juridique. Dans sa lutte contre la criminalité et le terrorisme, François Fillon propose de dissoudre immédiatement toutes les associations liées au salafisme, ce qui risque d’être compliqué, voire impossible. Il ne pourra pas par ailleurs déchoir de leur nationalité les Français partis combattre dans les rangs de l’organisation État islamique. Impossible aussi, en démocratie, de rendre automatiques les peines-planchers.

En disant que seule la Constitution contient des droits fondamentaux, François Fillon se risque à des affirmations malheureuses, qui brouillent l’état réel de notre droit, où les droits fondamentaux sont aussi garantis par des textes européens et internationaux. Il peut difficilement dire aussi que la France a perdu sa liberté en acceptant le traité transatlantique (TAFTA). Il souhaite par ailleurs la création d’un corps européen de gardes-frontières, alors que cela existe déjà.

 

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