Brigitte Macron n’est toujours pas un homme
Dernière modification : 16 septembre 2024
Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Relectrice : Lili Pillot, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Lili Pillot, journaliste
Source : Post Instagram, 1 août
Depuis 2021, une fausse information circule sur la supposée transidentité de la Première dame, à laquelle s’ajoutent des accusations de détournement de mineur et de falsifications d’actes administratifs. Deux femmes viennent d’être condamnées pour diffamation après que Brigitte Macron et son frère, visé lui aussi par la rumeur, ont porté plainte.
Voici une fausse information on ne peut plus répétitive. Une fois de plus, Brigitte Macron est au cœur d’une rumeur… et c’est toujours la même : la Première dame serait une femme transgenre. Cette fois-ci, des internautes en veulent pour preuve une photo d’un jeune homme torse nu, visiblement tatoué “Jean-Michel” à l’épaule, dont le visage est clairement similaire à celui de Brigitte Macron.
Avec une simple recherche d’images inversées, on tombe directement sur la banque d’images d’où provient la photo du jeune homme. Sa tête n’a évidemment rien à voir avec celle de la Première dame et il n’arbore pas non plus de tatouage.
Une mâchoire jugée trop “masculine”
Des montages grossiers comme celui-ci pullulent sur les réseaux sociaux depuis qu’en 2021, la rumeur selon laquelle la Première dame mentirait sur son genre de naissance est devenue ultra-virale. Brigitte Macron, de son nom de jeune fille Trogneux, serait née sous le nom de Jean-Michel Trogneux et aurait changé de genre par la suite. En réalité, Jean-Michel Trogneux existe bel et bien : c’est son frère.
Pour les internautes qui sont persuadés de détenir la vérité, tout est bon pour valider cette croyance. L’obsession pour l’entrejambe de la Première dame va loin. Toute photo est scrutée, chaque détail devient une preuve irréfutable. Ici, le pli de sa robe, là l’ombre de son maillot de bain, ou encore une mâchoire jugée trop “masculine”.
Accusation de détournement de mineur
Les deux femmes qui ont, pour la première fois, lancé la rumeur lors d’un live YouTube, ont été condamnées pour diffamation ce 12 septembre 2024. Comme dans tout procès en diffamation, la question est de savoir si cela a porté atteinte à la personne.
Ici, la diffamation ne portait pas sur la fausse information en tant que telle, mais sur des accusations de détournement de mineur et de falsifications d’actes administratifs, portées à l’encontre de Brigitte Macron et de son frère, Jean-Michel Trogneux.
Pour autant, malgré la judiciarisation de cette affaire, cette fake news a déjà fait le tour du monde. Elle a notamment traversé l’Atlantique quand une commentatrice conservatrice, Candace Owens, en a fait un fer de lance pour dénoncer un pseudo-agenda “progressiste”.
La transvestiga-quoi ?
Cette obsession pour une supposée transition de genre d’une figure politique n’est pas nouvelle, comme l’explique Emmanuelle Anizon. Cette journaliste du Nouvel Obs, qui a suivi toute l’affaire et ses protagonistes dans son livre L’Affaire Madame, y raconte comment l’ancienne Première dame des États-Unis, Michelle Obama avait fait l’objet d’attaques similaires sur son physique “trop masculin” pour être “naturel”. On peut aussi citer l’exemple de Begoña Gómez, l’ancienne Première dame d’Espagne, ou encore Jacinda Ardem, la Première ministre de Nouvelle-Zélande.
Ce phénomène mondial a un nom : la transvestigation, aussi connue sous le nom de “elite gender inversion”. Cette activité consiste à “tenter de déceler, dans les images de personnalités, des éléments de nature à prouver que ces célébrités sont en réalité du sexe opposé à celui qu’elles prétendent”, explique Conspiracy Watch. Cette pratique, largement utilisée dans les thèses QAnon, se développe dans un contexte particulièrement misogyne : ce sont plus généralement les femmes qui en subissent les affres.
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